1. Le Pardon dans l’Église catholique

Le pardon est une exigence chrétienne et l’un des fondements de la foi : il invite à privilégier l’amour à la revanche.
Sa pratique a été codifiée dès l’époque médiévale par la papauté. Le droit de pardonner était très hiérarchisé : il se pratiquait par la confession, auprès des « ordres mendiants », du clergé séculier et des évêques.

Le droit de pardonner : dans des cas précis, le pardon ne pouvait être accordé localement et en dernier recours, le « pénitent » auteur de péché adresse une supplique à la « Pénitencerie » qui siège au Vatican. Ainsi, l’Église utilise le droit canon comme instrument rigoureux et inquisiteur, mais elle lui donne aussi une certaine souplesse par ses mesures exceptionnelles de pardon. Cette pratique a toujours cours : elle s’applique dans le secret et se clôture en interne parfois dans l’intérêt de la victime ou de l’auteur de la faute, mais aussi pour éviter les scandales et la mise en cause de l’Église : trop de casuistique et de souplesse peut mener à certains excès que l’opinion publique n’accepte plus, et aujourd’hui l’Église est contrainte de modifier ses pratiques.

Les indulgences :  L’indulgence n’est pas le pardon ; lorsque le péché est remis par le sacrement de pénitence, les indulgences visent à nous remettre de leurs conséquences, pour guérir peu à peu tout ce que le péché a blessé en nous. L’indulgence est accordée à ceux qui exercent un acte pieux ou bien contre don d’argent destiné à l’accomplissement d’une œuvre pieuse. Depuis le concile de Trente (XVIème siècle), les indulgences sont maintenues mais ne sont plus monnayables ; elles auront un rôle majeur dans la Religion au XVIIIème siècle, le siècle des Lumières et de Voltaire ! En mars 2020, la Pénitencerie apostolique accorde l’indulgence plénière aux malades du Covid-19 et aux soignants.

Le début des croisades et des pèlerinages : l’un des canons du concile de Clermont (Pape Urbain II, 1095) promet l’indulgence plénière, (remise de la pénitence imposée pour le pardon des péchés) à ceux qui partiront délivrer Jérusalem ; ce fût le début des « croisades » et des pèlerinages. Ensuite, et depuis le jubilé du Pape Boniface VIII en 1300 les pénitents pouvaient bénéficier d’indulgences lors de rassemblement de fidèles à des dates précises.Des « bulles d’indulgences », accordées à Rome et Saint Jacques de Compostelle, donnent une impulsion aux grands pèlerinages.
Pour faciliter l’octroi de ces indulgences et accroitre l’influence de l’Église romaine, des bulles seront accordées à des églises et chapelles, particulièrement en Léon et Cornouaille aux XIVème et XVème siècle : ce fut donc le début des Pardons et pèlerinages.
Les fidèles étaient convaincus que la participation aux pèlerinages et Pardons permettaient de raccourcir le temps de purgatoire promis en rémission des péchés. La communauté catholique y a trouvé aussi un intérêt, puisque les indulgences étaient accordées contre le versement de dons ou l’accomplissement d’œuvres comme par exemple la construction ou l’entretien de biens d’églises, jusqu’au concile de Trente (XVIème siècle) à l’époque de la réforme catholique.

A l’époque moderne, le pardon peut toujours être octroyé par la confession ; mais ce rite est moins pratiqué. En revanche, les rassemblements, initiés par l’octroi de bulles d’indulgence, se sont maintenus : la procession suit les bannières à l’image des déplacements militaires médiévaux, en signe de ralliement à l’autorité divine et religieuse, elle conduit les fidèles à la Chapelle. Ces Pardons à vocation pénitentielle ont évolué vers des fêtes patronales et populaires où le verre partagé d’après-messe compte autant que la foi exprimée.

à suivre: le Pardon du Moyen Age à l’ère moderne