Chapelle Saint-Jaoua

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Historique du site et de la Chapelle

Il est difficile de retrouver exactement l’historique du lieu. Des recherches récentes relèvent que la chapelle de Saint Jaoua est l’une des organisations cultuelles dans l’aménagement ancien de la paroisse rurale de Plouvien.

Cependant, les historiens contemporains (amateurs ou professionnels ) ne sont pas d’accord sur l’origine du site et sur ses évolutions au cours des siècles.

Anna Vari Arzur

Anna Vari Arzur, enfant du pays et passionnée de l’histoire locale, avance quelques hypothèses . Selon ses conclusions, Jaoua aurait fondé 2 monastères à Plouvien (VIe siècle):

  • l’un appelé Minihy Bihan (petit monastère) où se trouve aujourd’hui le site de Saint Jaoua.
  • l’autre appelé Minihy Bras (grand monastère) qui se trouvait probablement au village de Minihy, tout proche et qui aurait été le centre paroissial de Plouyen Koz (vieux Plouvien) du VIIe et jusqu’en 1415.

Au moment de l’organisation régulière des paroisses, vers 750, le second monastère de Jaoua désigné sous le nom de Minihy aurait été le centre de la paroisse sous la direction des moines et le premier ermitage seulement une trêve. Selon l’abbé Le Guen, en 818, les moines de St Jaoua devinrent bénédictins et le monastère de Minihy dépendit du prieuré de Lok Maze Penn ar Bed (abbaye de la Pointe Saint-Mathieu à deux pas du Conquet).

Minihy serait demeuré le centre de la paroisse de Plouvien jusqu’en 1415. C’est l’évêque Alain du Refuge de Kernaeret (ou Alain de Coëtivy ?), seigneur de La Rue, ancien manoir de Plouvien, qui aurait transféré le centre de sa paroisse natale au lieu où est aujourd’hui le bourg de Plouvien. Depuis cette date, la direction spirituelle est confiée à un recteur et le Minihy devient une trêve de la nouvelle église paroissiale jusque vers le milieu du XVIe siècle.

A l’endroit où Jaoua fut enterré, un tombeau aurait été élevé et , autour du tombeau, une première chapelle en bois. Puis une chapelle de style roman fut construite au XIVe siècle.
L’édifice actuel, long et bas, irrégulier et pittoresque, a dû être terminé au XVIe siècle. Les différents types de construction utilisent des pierres granitiques de formes et tailles différentes pour élever les murs et témoignent des étapes étalées sur plus d’un siècle.

Victorien Leman

Sollicité par la commune pour documenter le projet architectural préalable à de gros travaux de restauration et de valorisation pour les deux chapelles de Plouvien, Monsieur Leman, historien généalogiste, a terminé son rapport d’étude en août 2018.
Selon lui, le site de Saint Jaoua pourrait être aux origines de Plouvien car un ancien monastère, vraisemblablement du Haut-Moyen-Age, aurait existé au sud de la chapelle actuelle.

Il conclut ainsi son étude :

« dans son état actuel, nous avons pu montrer que la chapelle actuelle de Saint-Jaoua est très probablement le fruit de plusieurs phases de construction s’étalant entre le courant du XVe siècle et la première moitié du XVIe siècle. Au XVIIe siècle, le complexe cultuel se dote de plusieurs éléments complémentaires : si l’enclos cémétérial existait sans doute auparavant, l’entrée côté bourg est monumentalisée par l’édification de 4 piliers massifs, une sacristie est ajoutée au nord du choeur et un monument est construit pour mettre en évidence la source à proximité et faciliter le culte à ses abords.
Pourtant, et bien qu’ architecturalement la chapelle renvoie à la fin du Moyen Age, un faisceau d’indices toponymiques et parcellaires laisse envisager l’existence d’un établissement religieux dans ces parages dès les premiers siècles du Moyen Age, en lien avec l’hagiographie de Saint Jaoua.
Si aucun texte ne nous a permis de corroborer l’assertion selon laquelle cette chapelle serait l’ancienne église paroissiale, au vu des éléments d’archives recueillis, cette hypothèse fait sens et n’est donc aucunement à exclure. »

Paul-François Broucke

Monsieur Broucke, historien chercheur, a terminé son étude en 2023. Elle devrait paraître l’an prochain dans le Bulletin Archéologique du Finistère.
Selon lui, la chapelle primitive, sans doute plusieurs fois réédifiée, a pu demeurer au même lieu ou être déplacée ; cependant, rien dans le bâti actuel, hormis une pierre tombale dans la nef, n’est antérieur au XVe siècle. La chapelle actuelle peut se définir comme un produit de 2 époques représentées à peu près à parts égales.

A cette époque, « On se trouvait à un carrefour d’influences : l’affirmation de la fidélité aux acquis du passé se renouvelant d’apparitions flamboyantes timides et les regards intéressés vers l’autre côté de la Manche vers l’influence anglaise au tournant des 2 siècles…
La chapelle Saint-Jaoua forme aujourd’hui un solide et précieux point de repère témoignant du bref instant où la création bascula. »

Pour aller plus loin …

Plusieurs autres recherches peuvent éclairer l’une ou l’autre des périodes de l’histoire du site de Saint Jaoua.

François Calvez

M. Calvez, Plouviennois, habite un village proche de Saint Jaoua. Il a recueilli des données dans les Etats Officiels de Recensement et les a publiées en 2018. Elles permettent d’avoir une petite idée de la vie du quartier de Saint Jaoua. Curieux de voir l’évolution du nombre d’habitants et de logements ! Ces renseignements permettront peut-être à quelques personnes de retrouver trace de leurs ascendants.

Ronan Abiven

M. Abiven est l’auteur d’un article intitulé « Les inhumations à Saint Jaoua en Plouvien aux XVIIe et XVIIIe siècles », paru en 2016 dans la revue « Le Lien » éditée par le Centre Généalogique du Finistère. Ce texte nous donne des informations complémentaires et nous indique que la chapelle reçoit des sépultures dès le Moyen Age.

Cette recherche relève aussi que « enterrer ses morts à Saint Jaoua indique un lien très étroit des paroissiens avec cet espace sacré. Le statut attribué aux tombes est de trois sortes :

  • la tombe de fondation est attribuée aux personnes ayant fondé un lieu de culte en lui attribuant des revenus nécessaires à son entretien.
  • La tombe de concession est concédée par le clergé à des individus donateurs afin d’édifier une église. Les bénéficiaires recevaient en contrepartie la concession d’une chapelle latérale avec l’autorisation d’y établir leur sépulture. C’est sans doute le cas de la famille de Bergoët de Keraliou dont les armes sont plusieurs fois représentées dans le croisillon nord.
  • La tombe autorisée par l’autorité ecclésiastique sans aucune contrepartie ».

Elle précise aussi que : « A l’époque de l’épidémie de peste à Plouvien ( Juillet 1642 – novembre 1643 ) les pestiférés sont tous inhumés au cimetière Saint-Jaoua dans sa partie la plus éloignée du lieu d’inhumation des non-contaminés ; le cimetière paroissial n’en reçoit aucun. »